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Chaque année, des milliers de femmes vivent une expérience de fausse couche extrêmement violente dans le système de santé

fausse couche
Voici les témoignages de dizaines de femmes ayant vécu une expérience de fausse couche extrêmement violent au cours de laquelle le personnel a fait preuve d’un manque d’empathie inacceptable dans le système de santé québécois.
Dans le langage médical, une fausse couche est plus communément appelée «avortement spontané». Cela démontre bien l’incompréhension et le manque de sensibilité à l’égard du deuil périnatal.

J’étais à l’urgence. Après plusieurs heures d’attente, le radiologiste fait son écho et me dit tout bonnement: « Ben non, il n’y a plus rien là-dedans! » … C’est tout.

« Habille-toi et retourne chez toi. Tu vas en avoir d’autres, inquiète-toi pas. »

Après 3 ans de traitement de fertilité à tenter d’avoir un enfant, j’étais finalement enceinte! J’ai fait une fausse couche à 7 semaines de grossesse et les infirmières m’ont dit: « Dieu ne nous donne rien que l’on ne peut pas endurer ».

« Au moins, tu sais que tu peux tomber enceinte. »

On m’a dit qu’on devait s’assurer que tous les « débris » étaient sortis de mon corps. LES DÉBRIS, C’ÉTAIT MON BÉBÉ.

On m’a dit très froidement que le coeur avait cessé de battre à 5 semaines et que là, j’étais rendue à 10, donc que, dans le fond, ça faisait longtemps que je n’étais plus enceinte.

La technicienne commence l’échographie et  après 3 secondes me dit « Aaah ben y’a pas de cœur, je vais aller chercher le médecin. »  Cette phrase restera à jamais gravée dans ma mémoire.

Des heures interminables d’attente à l’urgence, aucune sympathie. On me disait des choses comme: « Je comprends que c’est long, mais si y’a pas de battement, ça changera rien d’aller plus vite ». J’ai attendu 16 heures assise sur une petite chaise un 1er janvier pour ma première fausse couche alors que j’avais annoncé à ma famille que j’étais enceinte à Noël.

On m’a dit :
« Comptez-vous chanceuse, vous en avez déjà 2. »
« La nature fait bien les choses, c’est sûrement mieux de même. »
« Retournez chez vous et appelez demain pour qu’on vous enlève « ça ». »
« Vous savez, y’a pas grand-chose à faire. Si c’est pas dû, c’est pas dû. »

On ne m’a jamais demandé si je voulais appeler quelqu’un pour avoir du soutien. On m’a laissée pleurer assise toute seule dans le corridor. Il y a juste le concierge qui s’est arrêté et m’a demandé si j’étais correcte.

J’étais en pleurs à la clinique, parce que je perdais beaucoup de sang. J’étais à 11 semaines de grossesse. En allant à la salle de bain, j’ai perdu beaucoup de sang et de tissus…. J’avais l’impression que c’était carrément une portion de fœtus. Je l’ai gardé dans du papier brun… incapable de flusher.

Dans la salle de consultation, j’ai mentionné ce détail au médecin et je lui ai dit que j’avais ce bout de fœtus dans mon papier. Je pleurais.

Le médecin a eu l’air dégoûté et a dit : « Ahhhhh, jette ça dans la poubelle, mais pas la mienne … celle de la salle attente !

J’ai donc jeté ma fausse couche dans une poubelle de salle d’attente de clinique médicale.

Par téléphone, ma gynéco m’a dit que c’était terminé. Puis elle me demande si ça allait.

Je lui ai dit que non et elle m’a répondu « De toute façon, à 5 semaines de grossesse, on ne peut pas dire vous étiez enceinte » et elle a raccroché.

J’ai fait une fausse couche comme beaucoup de femmes à 12 semaines. J’étais évidemment effondrée. Le gynécologue qui m’a annoncé la nouvelle m’a traitée comme une enfant avec un jouet cassé.  Il a dit « Ben ma p’tite fille, faut pas pleurer pour ça, il était pas terrible de toute façon ».

« Ben y’a pas de bébé de 10 semaines là-dedans. Y’a pu rien en fait. Il s’est atrophié, il a comme séché. Va falloir recommencer. »

Je ne me rappelle pas avoir reçu de commentaires déplacés mais ce qui m’a fait le plus mal, c’est d’être au même endroit que les femmes enceintes pour mon suivi pendant et après ma fausse couche. Être dans une salle d’attente entourée de femmes enceintes jusqu’au cou ou avoir une prise de sang à côté d’une femme qui est sous monitoring et qui entend les battements de coeur de son bébé, ça fait vraiment mal.

« Pourquoi tu pleures ? Y’était voulu ? » L’infirmière au triage qui m’a dit ça.

« Ce n’était clairement pas encore un bébé, ne soyez donc pas aussi sensible! »

Je suis allée à l’urgence et on m’a laissée saigner et souffrir dans la salle d’attente pendant plus de 9 heures pour finir par me dire : « Ben là c’est comme si tu allais avoir tes règles, c’est rien de grave. »

Ma cousine a pleuré pendant le curetage. Elle s’est fait dire par l’infirmière pleine de jugement : « Fallait mettre un condom madame! » Elle ne savait visiblement pas qu’une fausse couche peut nécessiter la même intervention qu’un avortement.

Les commentaires ne sont pas le pire à mon avis… le pire c’est physiquement et comment on est laissées à nous-mêmes. On souffre et on ne sait pas ce qui se passe dans notre corps. J’ai passé 14 heures à l’hôpital dans mon sang à attendre et à me faire dire : « Mettez une serviette hygiénique, c’est juste une fausse couche, vous ne passerez pas en priorité ».

Après ma fausse couche, la docteure a dit :  « De toute façon tu as 38 ans, tu es pas mal vieille pour avoir un enfant, pense pas trop retomber enceinte ! ».

Les docteurs comptent les fausses couches comme des avortements spontanés dans l’historique médical. Ça, ça gosse fort là. On s’entend que t’as jamais voulu le perdre, ce bébé-là.

Pour confirmer ma fausse couche, je devais faire une échographie. Le médecin m’a dit froidement : « C’est vide cette poche-là madame, y’a aucun bébé là-dedans, je vais envoyer ça à votre médecin de famille. Bonne journée!”.

Je vis actuellement mon troisième deuil périnatal de suite. Ma petite étoile est partie à 13,5 semaines de grossesse. Je pleure dans le bureau de la gynécologue, elle m’explique qu’à ce stade j’aurai un curetage. Je lui demande si je peux avoir un petit congé avec tout ça, avec tout ce que ça implique. Elle me répond : « En as-tu vraiment besoin? ».

On m’a dit : « Vous reviendrez avec votre prochaine bedaine. »

Dans mon cas, il y a eu plusieurs commentaires terribles mais le pire était : « Tout est beau. ». Ça faisait 2 jours que je saignais et personne ne pouvait me confirmer que j’avais perdu mon bébé. Quand la médecin a dit que tout était beau, le peu d’espoir qu’il me restait est revenu au galop. Elle a ensuite précisé « Tout est beau, ton utérus est vide. » C’est comme ça qu’on m’a annoncé la perte de mon bébé.

La gynécologue riait et faisait des blagues avec les infirmières en insérant les pilules dans mon vagin pour faire déclencher mes contractions. J’étais là, les jambes ouvertes, à pleurer et elles s’amusaient et faisaient le party. C’était une intervention tellement banale pour elles mais pour moi qui perdais mon 2e bébé d’affilée, j’étais en mille miettes…

« C’est la sélection naturelle, Madame. »

« Ne vous en faites pas madame, vous étiez à 9sa, mais le coeur a probablement cessé de battre vers 7sa.. Donc il était déjà mort! C’est juste un foetus et non un bébé !

Ma belle-soeur a 42 ans et a perdu un premier un bébé. C’était son rêve. Le médecin lui a dit : « C’était à toi de maigrir il y a 10 ans quand je t’ai dit que ça t’aiderait à enfanter! ». Elle a fait une deuxième fausse couche quelques mois plus tard et on lui a dit : « T’as pas compris que tu es juste trop vieille pour procréer? ».

Quand je suis retombée enceinte, on m’a dit : « Le chef d’œuvre après le brouillon. »

Crédit photo : Engin Akyurt

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