Selon le Grand dictionnaire terminologique, la violence obstétricale, c’est tout acte ou comportement du personnel médical envers une femme durant sa grossesse, l’accouchement ou la période postnatale, qui n’est pas justifié médicalement ou qui survient sans son consentement, et qui porte atteinte à sa dignité ou à son intégrité physique ou psychologique.
Mais pour moi, la violence obstétricale va beaucoup plus loin. On la trouve aussi dans toutes les paroles et tous les gestes qui ne tiennent pas compte de la douleur et du ressenti des femmes dans l’un des plus grands moments de vulnérabilité de leur vie.
Après avoir fait un appel à toutes, j’ai reçu des CENTAINES de témoignages de mamans ayant vécu de la violence obstétricale. Voici 17 d’entre eux :
« À mon accouchement, mon médecin m’a dit : « Si tu as mal maintenant, tu vas vouloir te tirer en bas de la fenêtre tantôt ». »
« Premier accouchement pour mon conjoint et moi. En arrivant à l’hôpital, j’étais déjà à 9,5 de dilatation du col. Tout a été très rapidement et une infirmière nous a reproché de ne pas avoir laissé le temps à l’équipe médicale de se préparer. »
« Pendant la poussée, une infirmière m’a crié d’arrêter de chigner et de pousser. »
« Pendant l’accouchement, j’ai déchiré et donc eu des points de suture. J’ai grimacé pendant que le gynécologue les a faits. Il a regardé mon conjoint en disant que les femmes se plaignaient pour rien, que ça ne faisait même pas mal, les points après l’accouchement. »
« Moi, on m’a dit de ne pas crier, que ça ne donnait rien… »
« Se faire mettre le bébé au sein avec insistance par deux infirmières pendant que tu te fais recoudre le périnée, c’est violent. »
« Le médecin m’a rentré une ventouse de force pendant que quatre infirmières me tenaient les jambes et le corps pour ne pas que je bouge. Après, on m’a obligée à me mettre à quatre pattes, les fesses à l’air devant tout le monde avec les gros néons blancs pour aider bébé à descendre. »
« Un gynécologue m’a fait un stripping à 38 semaines de grossesse sans me demander ni même m’aviser qu’il le ferait. »
« Après m’avoir fait pousser pendant plus de 2h30, les médecins ont compris que ma fille n’était pas bien positionnée. Deux étudiants se sont mis à essayer de la tourner, la main au complet dans mon vagin, en pesant sur mon ventre en même temps. Ça ne fonctionnait pas, alors deux médecins s’y sont mis eux aussi. J’ai eu, en l’espace de 10 minutes, 4 mains à l’intérieur de moi. J’hurlais de douleur. Ma mère s’est finalement fâchée et leur a crié d’arrêter. Après, ils ont voulu me donner la bonbonne de gaz hilarant, mais elle était vide, et ils trouvaient ça bien drôle. J’étais au bout de mes forces, je pleurais et j’ai vomi. »
« J’ai fait de la prééclampsie après mon accouchement, ce qui m’a rendue très malade, et l’infirmière a dit à ma mère : « Ben là, même malade, il faut qu’elle soit capable de s’occuper de son bébé sinon on va appeler la DPJ. »
« J’avais peur de la péridurale que je devais avoir pour une césarienne d’urgence. L’anesthésiste était fâché de revenir à l’hôpital à 1h00 du matin et il m’a dit d’un ton très bête d’arrêter de faire ma moumoune. »
« Personne ne m’a crue, quand je disais au corps médical que je n’étais pas gelée. »
« Pendant mes deux césariennes, on ne m’a pas parlé. On ne me disait pas les étapes. Les gens se parlaient entre eux comme si j’étais endormie. La première était vraiment urgente, mon bébé a dû partir en néo. Mais eux continuaient à parler de leurs vacances. La deuxième était à la suite d’une tentative d’AVAC. Pas plus de compassion. »
« À mon deuxième accouchement, j’ai eu une déchirure et le médecin a commencé à me faire des points de suture sans m’aviser. Évidemment, je sentais tout alors je lui ai demandé ce qu’il faisait. Il m’a répondu tout bonnement : « Eh bien, je vous fais des points ma petite madame et comme vous venez de souffrir beaucoup, pas besoin de vous geler, ça va me prendre deux secondes ». Après, il a continué. Quand je lui ai dit qu’il me faisait mal, il a eu le culot de me dire d’arrêter de m’en faire et de regarder mon bébé. »
« Une infirmière spécialisée en allaitement à qui j’ai confié que je pensais arrêter l’allaitement parce que ça ne fonctionnait pas m’a dit : « N’abandonne pas ton bébé ! »
« Quand j’ai accouché de ma fille, tout s’est passé assez rapidement étant donné que c’était mon troisième bébé. À un moment donné, je n’en pouvais plus et j’ai demandé l’épidurale. L’infirmière m’a répondu que l’anesthésiste était occupé avec quelqu’un en fin de vie et qu’il ne pouvait pas venir. J’ai eu un petit moment d’angoisse à l’idée de devoir accoucher naturellement comme je souffrais déjà beaucoup, j’en ai fait part à l’infirmière et elle m’a répondu vraiment sec et bête de me compter chanceuse parce que moi, je donnais la vie en ce moment, alors que le monsieur qui était avec l’anesthésiste était en train de mourir. »
« Un mois après mon accouchement, je suis allée au rendez-vous de suivi pour mon bébé et ma santé mentale n’allait pas bien. Je pleurais tout le temps, j’étais très fatiguée, et déprimée, et j’ai décidé d’en faire part au médecin qui m’a répondu : « Est-ce que tu es capable de sourire une fois par jour ? Si oui, ça va. »
Si vous êtes sur le point d’accoucher, je veux que vous sachiez que but de cette publication n’est pas de vous faire peur mais d’adresser un problème majeur.
Pour que tous reconnaissent que ces comportements sont inadmissibles.
Pour que les mères sachent qu’elles sont victimes de violence obstétricales lorsqu’elles le sont et qu’elles cessent d’accepter l’inacceptable.
Et pour que le personnel médical traite toutes les mamans avec le respect, l’empathie et la dignité qu’elles méritent.
Et vous, avez-vous été victimes de violence obstétricale ? Si oui, n’hésitez pas à raconter votre histoire en commentaire.
Contenu cogité avec Ora Protections
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